Le patrimoine bâti

Les constructions

La vallée de la Drobie et la commune de Saint-Mélany sont situées dans le territoire des Cévennes ardéchoises dont elles constituent les limites nord-est.

L’architecture vernaculaire de ce territoire s’identifie totalement à l’architecture traditionnelle cévenole, faite de maisons en pierres plates, le plus souvent des schistes bruns argentés, parfois mélangés avec des blocs de granit sur d’autres communes. A Saint-Mélany, c’est le schiste qui domine très largement. Les maisons, posées sur des pentes assez prononcées, sont généralement constituées de plusieurs petits bâtiments articulés autour de cours ou de ruelles.

Les maisons comprennent toujours une cave en voûte plein cintre posée directement sur le rocher, recouverte d’un sol en grandes lauzes pour le deuxième niveau. Puis, un plancher en bois de châtaignier constitue le sol du troisième niveau. Il est assez rare de voir un étage supplémentaire. Les maçonneries de schistes bruns sont percées de rares fenêtres, souvent entourées de tableaux en pierres dures (granit) assez claires qui contrastent avec le brun des murs, les portails d’entrée étant toujours constitués d’un linteau en plein cintre. Les bâtiments assez petits et souvent étroits sont recouverts de toitures en lauzes se finissant au faîtage par des lauzes croisées encastrées les unes aux autres formant des sortes de vertèbres caractéristiques appelées lignolets ou papillons. Le poids très important de ces couvertures explique la faible portée des charpentes réalisées avec les bois locaux, le plus souvent en châtaignier.

Les constructions sont généralement groupées et serrées dans les hameaux, même si on trouve quelques fermes plus isolées. Certains éléments architecturaux se retrouvent dans la majorité des maisons et hameaux, tels les angles de mur arrondis lorsqu’ils font saillie sur les calades pour que les bêtes ne se blessent pas, les fours à pain et leur bouche avec deux pierres en demi-lune, les cours et courettes au centre des fermes, les protections en grandes lauzes dépassant des murs pour la pluie au-dessus des portails, les nichoirs à pigeons inclus dans l’épaisseur des murs, etc.

Les Clèdes

Les clèdes sont nombreuses sur la commune. Ce sont des constructions traditionnelles en pierre et lauze qui servaient à sécher les châtaignes afin de pouvoir ensuite les décortiquer avec des chausses à clous, puis les moudre en farine dans tous les moulins des bords de rivière.

Elles sont toujours constituées de deux petites pièces superposées séparées par un plancher en bois à claire-voie. La pièce du bas était utilisée pour faire un feu continu et les châtaignes étaient déposées dans la pièce du haut sur environ 40 cm d’épaisseur sur le plancher à claire-voie pour que l’air chaud passe à travers les fruits et les sèche. Les châtaignes étaient régulièrement retournées jusqu’au séchage final, puis emportées au moulin. Ces petits bâtiments d’environ 10/12 m² étaient situés à l’écart des habitations pour éviter les risques d’incendie, souvent dans les châtaigneraies. Bâties sur les pentes et terrasses, l’accès se faisait de plain-pied aux deux niveaux. Une petite ouverture permettait parfois de déverser les châtaignes dans la pièce haute.

Les ponts

La commune possède de nombreux ponts en pierre très anciens assez spectaculaires pour franchir ses quatre rivières. Les plus anciens, le pont de la Brousse et le pont du Rouge (ce dernier étant en fait sur le territoire de Sablières) sur la Drobie et le pont du Charnier et le pont du Bouc sur la Pourcharesse sont desservis par des sentiers muletiers, seules voies de communication de la vallée jusqu’à ce que la route des gorges de la Beaume ne soit construite. Ils permettaient de franchir les cours d’eau même pendant les grosses crues des épisodes de pluie cévenole.

D’autres ponts, plus récents mais de très grande taille, ont été édifiés à la fin du 19è siècle lors de la construction de la nouvelle route de la vallée, des Deux Aygues jusqu’à Sablières. Ils franchissent la Pourcharesse à Séraillon, la Sueille sous La Coste et le Chamblat juste avant Miaille. Enfin de plus petits ouvrages charmants franchissent les nombreux ruisseaux tout au long des sentiers muletiers.

Les béalières

Les béalières (béal , canal) sont nombreuses au bord des rivières de la commune. Ce sont des canaux d’irrigation qui captaient l’eau des cours d’eau pour l’emmener le plus loin possible à flan de colline jusqu’aux terrasses de culture.

Elles étaient souvent bâties au pied d’un mur de terrasse d’un côté, le canal étant bordé côté pente par de grandes lauzes posées verticalement sur chant et par une petite sente d’accès et d’entretien. Elles pouvaient parcourir plusieurs centaines de mètres, taillées en tranchées dans les roches ou passant sur des soutènements spectaculaires en pierre de plusieurs mètres de hauteur. Certaines franchissaient même de petits aqueducs  ou cheminaient plus rarement en tunnel  ou en canal contre des parois rocheuses.

Toutes désaffectées depuis de nombreuses années, on en voit cependant encore partout les traces et les lignes, avec leurs grandes pierres en travers qui permettaient de les franchir au pied des escaliers des faysses. Certaines béalières servaient plus particulièrement à approvisionner en eau les moulins des bords de rivière et leurs bassins de stockage d’eau.

Les moulins

Indispensables à la transformation des cultures vivrières, les moulins, d’assez petite taille, étaient très nombreux sur la commune et dans les Cévennes ardéchoises.

On en compte au moins six sur Saint-Mélany. Les difficultés de transport des récoltes sur les seuls sentiers muletiers rendaient indispensable leur proximité et donc leur grand nombre. Bâtis au bords des rivières et des principaux sentiers muletiers, alimentés par des petits canaux (béalières) et des barrages de captage sur les cours d’eau, ils permettaient de transformer en farine les cultures locales d’orge, de blé, et surtout de châtaignes, après qu’elles aient été séchées dans les clèdes et décortiquées.

Ils possèdent souvent un mur arrondi et des soubassements très massifs face à la rivière pour se protéger des fortes crues. Certains sont parfois bordés par un grand bassin de réserve d’eau construit sur une terrasse, comme au moulin de la Sueille sur le sentier entre La Coste et Dompnac.

Les ruchers

Les hameaux de la Drobie possédaient souvent des petits ruchers, constitués autrefois de ruches troncs composées d’un fût de châtaignier creux d’environ 60 cm de hauteur et environ 50 cm de diamètre, surmonté d’une grande lauze plate dépassant du fût servant de protection à la pluie et au soleil et assurant par son poids la stabilité de la ruche.

On peut parfois en observer sur des terrasses quand on sort des sentiers et aussi en voir en production au rucher de Sully après le Charnier. L’apiculture est toujours très présente dans la vallée, avec des productions de miel de châtaignier ou plus spécifiquement de miel de bruyère blanche arbustive.

Les sentiers muletiers, calades et escaliers

De nombreux sentiers muletiers très anciens traversent la commune de Saint-Mélany pour relier tous ses hameaux. Seules voies de communication jusqu’au début du 20è siècle, ces sentiers muletiers n’étaient praticables que par les hommes et les bêtes, on ne pouvait y faire rouler de charrettes, même petites.

Ils ont toutefois été bâtis comme des routes, avec de nombreux et imposants ouvrages d’art, ponts, hauts murs de soutènement en pierre sèche, passages d’eau maçonnés ou barrages pour les traversées de ruisseaux et recouverts le plus souvent de calades, assemblage de pierres sur chant qui permettaient de les rendre praticables par tous temps. A l’approche des hameaux, ils sont fréquemment bordés de murs pour empêcher les bêtes d’aller piétiner les cultures et jardins.

Certains de ces sentiers sont vieux de plusieurs siècles et ne sont plus entretenus depuis très longtemps. Ils sont malgré tout toujours là, parfois en parfait état, bâtis par les anciens pour tenir face aux pires conditions climatiques, pluies diluviennes cévenoles, ravinements, etc. Ces sentiers sont aujourd’hui souvent balisés et utilisés pour la randonnée (le Sentier des lauzes) et sont un très bon moyen de découvrir toute la variété de paysages de ce territoire et ses nombreuses traces d’occupation humaine.

Terrasses ou Faysses, murs en pierres sèches

Les terrasses typiquement cévenoles sont omniprésentes sur notre territoire, elles se succèdent par dizaines sur les coteaux, depuis les rivières jusqu’aux crêtes. On peut parfois en compter plus de 50 étagées ainsi.

Construites en pierre sèche et permettant de maintenir les terres agricoles sur les pentes raides en bloquant l’érosion des sols lors des très fortes pluies cévenoles, elles rythment tout le paysage de la vallée. Les murs font entre 1 mètre et jusqu’à 3 mètres de hauteur à proximité des cours d’eau. Les faysses sont reliées entre elles par des escaliers de pierre sèche, soit en applique sur les murs, soit engravés. Elles disparaissent progressivement sous le couvert végétal, subissant la déprise agricole déjà ancienne, mais elles résistent et on peut en apercevoir partout dès lors que l »on regarde bien et qu’on les cherche un peu. Certaines, souvent plus étroites, sont des canaux d’irrigation, les béalières. Elles ne constituent plus aujourd’hui, pour leur partie visible, que des sortes de petites oasis de prés ou de vignes autour des hameaux.

On peut aussi parfois voir de longs murs de pierre sèche bâtis dans le sens de la pente, bien conservés car mieux protégés du ruissellement. Ils servaient à délimiter des propriétés ou des pâturages en protégeant les zones de culture.

Les sources et bassins

L’eau est précieuse dans les Cévennes, et si elle tombe parfois du ciel avec abondance et violence lors des épisodes cévenols, elle devient plus rare l’été. Les sol schisteux ne la retiennent pas longtemps et elle s’infiltre vite pour retourner aux rivières. Les sources, peu nombreuses, sont donc aménagées et soigneusement entretenues pour garantir cette ressource l’année. A proximité d’un hameau, elles ont souvent conduit à la construction de grands bassins voûtés ou de tunnels de captage.

Les édifices religieux

L’église de Saint-Mélany domine la vallée. Elle est posée en promontoire sur la pente et les faysses, juste au-dessus du charmant cimetière communal. Elle se voit de très loin et de toutes parts. Soigneusement rénovée, à l’intérieur comme à l’extérieur, avec le soutien de l’association des Amis de l’église, elle possède de grandes toitures en lauzes et marque fortement le paysage de la commune. La cure qui la jouxte doit être remise en état prochainement pour achever de requalifier cet ensemble remarquable.
Vous pourrez aussi apercevoir au détour des calades et sentiers de nombreuses croix qui ponctuent les chemins et les routes, en fer forgé ou en pierre de taille, souvent discrètes et modestes.
La plus grande, très élancée et qui découpe le ciel d’Ardèche avec ses volutes de fer forgé domine la route juste à côté de l’église et du monument au morts, ce dernier étant remarquable par ses portraits de défunts en fonte émaillée.

La petite chapelle Saint-Régis, sur le haut de la Croix du Serre domine la commune. En réalité située sur le territoire de Dompnac, elle accueille de nombreux événements.

Détails d’architecture, fours à pain, portails…

 

Ci-dessous une galerie d’éléments architecturaux caractéristiques de l’habitat cévenol traditionnel de la vallée de la Drobie…